jeudi 8 mars 2007

Jean Grelaud


La Guerre, Gromaire (Musée d'Art Moderne de Paris)

On en a à peine parlé. Et pourtant.
- Jean Grelaud est mort.
- Qui ça ?
- Jean Grelaud.
- Connais pas.
Jean Grelaud ce nom ne vous dit rien et c’est normal. C’était un rescapé de la guerre 14, un poilu comme on les appelle. On ne sait plus pourquoi d’ailleurs. Sans doute parce qu’ils étaient mal rasés, barbus, moustachus. Bref, je m’écarte de mon sujet.

Jean Grelaud est mort. Il avait 108 ans.

Il laisse derrière lui Lazare Ponticelli et Louis Cazenave. Les deux derniers poilus. 216 ans à eux deux, 109 chacun. En février dernier, ils étaient encore 5 mais, avec leur grands âges, il devient de plus en plus dur de zigzager sous les coups assassins de la Faucheuse.

La France est en train de tourner une page de son histoire. Celle de la guerre de 14-18 qu’on appelait naïvement la Der des Der car il était inconcevable qu’il put en avoir d’autres par la suite. Celle des tranchées, du mortier, des torpilles, des gaz moutardes, des premiers chars et avions. Celle de la Première Guerre Mondiale .

Après la mort du dernier soldat de cette guerre qui sera enterré sous l’Arc de Triomphe avec funrérailles nationales (s’il le notifie auparavant dans son testament), on pourra finir notre deuil, retourner à nos vies tranquilles et pacifiques -chanceux que nous sommes- et aller bosser… un 11 novembre.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est clair que les derniers représentants des poilus ne vivront pas encore très longtemps mais ils auront pu apporter leurs témoignages et leurs expériences et ca c'est très important...

Anonyme a dit…

109+109= 218 si mes souvenirs sont bon et non pas 216. lol

Simon a dit…

enfin qqn l'a remarqué !!! moi je m'en suis aperçu qu'il y a peu !!! c est bien 109 et pas 108 car les deux lascars sont nés en 1897 (et auront donc bientot 110)

Anonyme a dit…

Outre leur âge, écoutez les parler.
Louis de Cazenave tient un discours politiquement incorrect et transgresse quelques interdits de notre mémoire sur la Grande Guerre:
..."Les Allemands on les retrouvait quand on allait chercher de l'eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez."
"Nous avions fraternisé mais quand c'est arrivé aux oreilles de l'État-major, il a ordonné une attaque."
"La gloire, l'héroïsme ? De la fumisterie !" "Le patriotisme ? Un moyen de vous faire gober n'importe quoi !". "Hay, hay, hay ! Un truc absurde, inutile ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien !"
Lazare Ponticelli (d'origine Italienne) s'est retrouvé chasseur alpin dans le Tyrol. Là, enterrés dans la neige, Italiens et Autrichiens sympathisent, à quelques mètres les uns des autres. "Ils nous donnaient du tabac et nous des boules de pain. Personne ne tirait plus. L'état-major l'a su et nous a déplacés dans une zone plus dure."